A quoi ressemble la sexualite des vingtenaires ?
Identifier ses propres souhaits, accueillir ceux de l’autre. Face a la complexite du desir et du consentement, des jeunes sont parfois perdus entre leurs aptitudes theoriques et leurs experiences intimes. Meme ultra informees, ils explorent a tatons un paysage amoureux en beaucoup bouleversement.
Leila s’en faisait votre sang d’encre. Fallait-il raconter a son amie Angele sa nuit passee dans les bras de Jean, votre camarade de l’universite avec lequel une telle derniere s’etait disputee certains mois plus tot ? Etait-ce une deloyaute que de coucher avec l’ennemi d’une amie ? Cette etudiante nantaise de 20 annees a fini via se lancer. Angele, de marbre, a douche ses craintes. «Et alors ? Tu etais consentante ? Lui aussi ? C’etait beaucoup ? Eh beaucoup, voila bien et cela compte !»
Le reflexe est Sans compter que et puis frequent chez nos jeunes. Ceux qui ont 20 annees en 2021 ont commence leur life sexuelle a l’epoque ou le consentement s’est impose au debat public, en 2017. Le vieux proverbe «Qui ne evoque mot consent» reste alors balaye par le mouvement MeToo, ne en 2007, mais reveille dix ans plus tard par des actrices americaines qui denoncent des viols, les agressions et le harcelement sexuel infliges avec le producteur Harvey Weinstein. Dans un sillage, d’autres prennent la parole, y compris en France, avec #BalanceTonPorc. La digue cede et, en quelques mois, des millions de messages inondent des reseaux sociaux. Depuis, le consentement s’ecrit en grosses lettres en medias, sur les reseaux sociaux ou des fois i propos des murs des villes.
“Mon nom est clitoris”, le documentaire sans filtre sur la sexualite des jeunes dames
Mais que veut affirmer, au juste, consentir ? A quoi consent-on ? Comment donne-t-on et retire-t-on le consentement ? Ces questions se posent reellement concretement dans l’intimite d’une chambre ou d’un lit. Et des reponses n’ont rien d’evident, surtout chez les plus jeunes, encore en haute decouverte de leur corps ainsi que leurs desirs. «Des etudes sociologiques le montrent : le principal obstacle a une sexualite epanouie reste l’absence d’une discussion de grande ampleur sur le sexe et ses enjeux, souligne ma philosophe Manon Garcia, professeure assistante a l’universite de Yale et auteure d’la Conversation des sexes (Editions Flammarion). Puisqu’on n’apprend nullement a toutes les plus jeunes a reflechir a ce qu’ils attendent de l’intimite et du sexe, ils seront demunis face a Notre complexite de leurs sentiments, aux joies et aux difficultes de leurs experiences.»
Hyper eduquees mais peu experimentees
Un sentiment exacerbe, peut-etre, avec une sorte de dissonance cognitive entre ce que des jeunes apprennent, d’un avis intellectuel, et votre qu’ils savent ou eprouvent intimement. Avoir 20 ans en 2021, c’est, encore qui plus est souvent, connaitre que toucher la cuisse ou les fesses d’une femme sans y etre invite constitue une agression sexuelle. Ou que des violeurs paraissent moins rarement des petits copains ou des amis rencontres a une fete que des inconnus croises dans un parking. C’est aussi decouvrir la masturbation feminine via des comptes Instagram dedies ou se familiariser, devant des series Netflix, avec une diversite d’identites de genre et d’orientations sexuelles.
En votre commentaire, des vingtenaires seront probablement plus eduques a la sexualite que leurs parents au meme age. Neanmoins, connaitre des concepts, d’une «culture du viol» a la «parite de l’orgasme», ne remplace gui?re des annees d’experience et de vie sexuelle. A 20 ans, meme en 2021, on ne sait pas toujours appliquer dans l’intimite ce qu’on a appris concernant Internet, ce dont on parle avec ses amis autour d’un sirop. On va pouvoir savoir ce qu’est le consentement et, pour autant, accepter quelque chose dont on n’a gui?re envie, parce qu’on est amoureux, parce qu’on veut qu’un autre nous adore. Ou parce qu’il n’est gui?re simple de contredire certaines representations stereotypees, mais bien ancrees, de votre que sont l’amour, le https://datingmentor.org/fr/clover-review/ sexe, les hommes et les femmes.
Reinventer l’imaginaire erotique
Un certain cadre erotique, bien entier resume dans la pornographie, tienne face au changement. Empreint d’une masculinite liee a la puissance et a la conquete et d’une feminite naturellement soumise, il infuse aussi chez nos plus jeunes, quelquefois des l’adolescence. «Il m’a fallu un moment pour faire confiance aux hommes», confie Berangere, une etudiante rennaise de 19 annees. Au college, le premier petit ami la presse pour avoir un rapport dont elle n’a nullement envie, puis essaye en contraindre physiquement a une fellation. «Je ne l’ai jamais vecu comme un viol, mais J’me suis sentie obligee, raconte-t-elle. Ca a joue concernant le desir de ne frequenter que des jeunes femmes. Avec elles, je n’ai jamais eu peur, si on s’embrassait, d’etre tenue d’aller jusqu’au bout.»
Pendant quelques annees, Berangere se pense lesbienne, lit des essais feministes, rejoint des groupes militants et gagne en assurance. Depuis peu, elle frequente de nouveau des hommes, qu’elle jauge avec vigilance. «Si je sens qu’un garcon reste directif, me coupe la parole ou essaie de controler la discussion, ce va etre non. Si on couche ensemble, j’attends de lui qu’il s’occupe de moi et prenne mon plaisir en compte. Bien qu’il tente ! Mais je vois bien que, lorsqu’un garcon ne pense qu’a J’ai penetration, je n’arrive nullement a lui dire quoi faire. Ils subissent une telle pression… Je ne voudrais jamais un Realiser saisir qu’ils sont nuls.»
De fort jeunes, la petite vingtaine, viennent dans mon cabinet car elles n’arrivent jamais a jouir
Ces garcons eux-memes ont peut-etre des difficultes a identifier, ou a entendre, leurs propres souhaits. «La penetration parait si incontournable qu’une enorme pression subsiste concernant le penis et sa capacite a etre en erection», confirme votre sexologue Claire Alquier, cofondatrice d’une plateforme de podcasts pedagogiques Le Vestibule. Et les femmes ne semblent pas en demeure : «Puisqu’elles paraissent plus averties qu’auparavant, on attend d’elles qu’elles acceptent de nombreux choses et sachent bien faire. De tres jeunes, la petite vingtaine, viennent au sein d’ mon cabinet, car elles n’arrivent jamais a jouir ou a se lacher avec leur copain. Elles ont des propos theoriques tres avances sur le plan intellectuel, mais pas forcement en accord avec leurs capacites emotionnelles.»
A ecouter : le podcast de la redaction
La est le defi pour une part importante une jeune generation : oser dire votre qu’on adore, plutot que ce qu’on pense devoir aimer ou votre qu’on imagine que l’autre attend. Cela implique une confiance en soi qu’on n’a pas forcement a 20 annees, sauf a faire preuve de curiosite, de patience et d’un certain souci de l’autre. Lola, une etudiante nanceienne de 20 ans, a achete bien i§a aupres de son petit ami depuis deux annees. «Mon plaisir est important pour lui avec le debut, explique-t-elle. Cela reste tres curieux, m’interroge bon nombre. Nous discutons regulierement de cela nous plait et essayons de nous adapter l’un a l’autre. Cette ecoute reste precieuse, elle nous a permis de nous decouvrir. Je n’ai plus aucun en gali?re a assumer le bonheur, a le verbaliser devant n’importe qui, comme si je defends une opinion.»